lundi 18 juin 2012

La fête du 2 juin et l'hommage pour Jean Michel Peyvel par Franco


 
Avant tout, tu voudras bien nous excuser d'avoir tant tardé à organiser cette petite fête qui est, comme tu t'en doutes, faite pour l'essentiel en ton honneur.

Tu le sais, beaucoup d'événements se sont bousculés ces temps-ci et pas des moindres. Il nous a fallu prendre du temps… le temps de croire à ton prématuré départ.

Hélas nous dûmes à l'évidence nous y résoudre. Certes, le temps pour toi était venu, non pas de disparaître, mais plutôt de transmettre le flambeau, les rennes du pouvoir, à ton digne fils et héritier Rodolphe le bienvenu.

Bien sûr, et surtout nous, les anciens, nous eûmes préféré te voir orchestrer le dojo plus longtemps… Il en est autrement !

Sache, cependant, que ta présence au Club et à l'école reste indispensable. Elle nous rassure, nous entraîne; en quelque sorte nous fidélise en ces lieux pleins d'histoires qui parfois nous sont communes. Et puis, même si ta carrière de professeur d'arts martiaux est bien entamée, il te reste à l'accomplir en veillant à ce que ce bel esprit qui y a toujours régné perdure, et, pourquoi pas, aller jusqu'à nous montrer la belle image qui m'est restée de notre dernier voyage au Japon, dans le mythique dojo du KODOKAN. Toi non plus tu n'as pas dû l'oublier ? Je te parle de ce vénérable grand Maître, assis sur un simple banc en bois dans son habit de kimono, s'appuyant sur son bâton de combat, hochant discrètement la tête pour répondre aux saluts que tous les Judokas ne manquaient pas de lui faire en passant devant lui, avant de rentrer sur le tapis ou se déroulait l'entraînement. Son regard était vif et souriant, quel bel âge il avait !

Oui ! Il te faut au bas mot encore une bonne génération pour lui ressembler… Mais revenons à ces quelques 22 années passées :


En 1990, Maître Vallée que tous ici connaissent tant il a marqué nos esprits, cherche en vain un repreneur de son École à laquelle le Judo Club de Genève est intimement lié. La tâche n'est pas facile tant les critères de sélection du maître sont exigeants <trouver la bête rare ?>

Nous allions vers l'échec quand soudain, nous eûmes l'écho qu'un ancien élève de l'École et du Club, professeur de judo en France voisine, semblait rencontrer certaines difficultés d'ordre administratif. Belle aubaine ! Nous allions peut-être dénicher l'oiseau rare ? Mais il fallait encore le convaincre

Avec l'accord de Maître Vallée et de l'ensemble du comité en poste du moment entièrement acquis en sa faveur, j'invite l'ami Jean-Michel, accompagné de sa charmante épouse Évelyne à un subtil et délicieux déjeuner "d'affaire" à l'Auberge d'Hermance. J'obtins ce soir-là la certitude que Jean-Michel PEYVEL ferait le grand saut, passe la frontière et qu'il souhaite, en bonne entente avec Maître Vallée, prendre en main les destinées de l'École, et par là-même, celles du Judo Club de Genève.

Il restait cependant quelques difficultés administratives à résoudre :

Permis de travail : selon renseignements pris par François Zosso, il n'y aurait aucune entrave.

Création d'une S A : J-P Renggli, membre du club, t'apportera son inconditionnel soutien. Il sera remplacé par la suite par Jan Duchêne, également membre du Club.

Tout alla très vite ! C'est donc avec la bénédiction de Maître Vallée et d'un comité qui t'était tout dévoué que l'École et le Club, en ces années, reprirent un second souffle.

Grâce à toi, Jean-Michel; grâce à ta grande expérience dans l'enseignement du judo et de l'aïkido, expérience acquise en France, en Suisse, mais également par de longs stages au Japon. Tu as su faire grandir le club, su maintenir en son sein l'esprit budo, su garder également l'esprit de compétition nécessaire et indispensable qui a fait la réputation du Judo Club de Genève.

En ce temps-là (comme le dit la chanson) nous étions toujours dans le petit et mythique dojo de la rue Jules-Crosnier (dans ma cave comme aimait le dire Maître Vallée… et toi aussi je crois ?) Tant d'histoires, tant de sueur, tant d'élèves, tant d'illustres judokas et aïkidokas, tant de souvenirs nous y retenaient …mais un grand besoin d'oxygène pour toi et pour tes élèves devenus plus nombreux t'oblige à chercher une plus grande salle, à la hauteur de tes ambitions.

La chance te sourit une nouvelle fois : elle se présente sous la forme d'un vieux garage, certes assez grand, mais flanqué au centre de deux piliers mal venus. Ce garage est situé fort heureusement à quelques centaines de mètres de l'actuel dojo.

De nouveau autour d'une table de bistrot et plus pour te rassurer, je pense, tu présentes le projet à Maître Vallée et à Monsieur Gay (en son temps président du Judo Club de Genève). Combien de fois ils avaient eux, tenté cet exploit sans y parvenir…!
Ta décision est déjà prise et rien ne va t'arrêter, ni le scepticisme modéré de certains, ni même les travaux conséquents et coûteux qu'il te faut entreprendre.

Quelques mois vont suffire pour faire apparaître un magnifique dojo lumineux, naturellement aéré, de conception nouvelle, parfaitement adapté à l'espace disponible, avec pour signature un tapis d'entraînement de 300 m2

Que demander de plus pour nos actuels et futurs élèves et combattants ?

Bien sûr, cette transformation si bien réussie est aussi très onéreuse ! Pour une énième fois, les dieux sont avec toi : ils mettent sur ton chemin, lors de la mémorable manifestation du 50e anniversaire de l'existence du Judo Club de Genève, un ancien membre du Club, plusieurs fois champion suisse de judo, en la personne de l'ami Claude Tournaire. Il aura la complaisance et la générosité d'apporter sa pierre à l'édifice "sa façon à lui, nous dira-t-il, de marquer sa reconnaissance au Judo Club de Genève".
Ainsi donc vint le jour du déménagement, en avril 1999. En grande pompe, l'insigne du club décroché de notre ancien dojo est transporté à pédibus par les élèves jusqu'au nouveau dojo; il trouve naturellement sa place accroché entre deux maximes chères au professeur Jigoro KANO.

Avec ce bel outil de travail, tes compétences en la matière, ton savoir-faire, un comité prêt à t'épauler et la presque totalité des membres qui ont suivi, tu ne pouvais que réussir. Car en toi la passion de l'enseignement restait vivace.

Il en est passé depuis des têtes sous le Torii du porche de la rue Goetz-Monin. La section aïkido s'est considérablement développée, en judo, nos équipes se sont faites et refaites, plus performantes, pour arriver comme au bon vieux temps, jusqu'en Élite.

Beaucoup d'exploits collectifs mais aussi individuels, beaucoup de satisfactions personnelles sont à mettre à ton compte tout au long de ces années passées; nous t'en sommes particulièrement reconnaissants et t'en remercions sincèrement.

Non ! Jean-Michel ce n'est pas un adieu, disons plutôt une franche marque de sympathie de la part de tous ici et de tous ceux absent aujourd'hui mais qui, sur leur chemin, t'ont un jour rencontré au Club et à l'École
Nous souhaitons que ta présence dans le dojo ne fasse pas défaut.

Tant ton fils Rodolphe que le comité du Judo Club de Genève, nouvellement rafraîchi, sauront prêter beaucoup d'attention à tes précieux et avisés conseils.

Et surtout, que la passion pour les arts martiaux t'habite tout au long de cette préretraite puisqu'il nous faut l'appeler ainsi.

Franco




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire